Quand la bouteille est vide
Quand la bouteille est vide
Je craque une allumette
Et la bouteille vide
Se remplit de lumière
Jean-Jacques Goldman
Quand la bouteille est vide
Je craque une allumette
Et la bouteille vide
Se remplit de lumière
Jean-Jacques Goldman
Les bonheurs d’ici-bas m’étaient tous défendus
Je semais des violettes et chantais pour des prunes
Et tendais la patte aux chats perdus
Ah ah ah ah putain de toi
Ah ah ah ah ah ah pauvre de moi
Un soir de pluie v’là qu’on gratte à ma porte
Je m’empresse d’ouvrir, sans doute un nouveau chat
Nom de dieu l’beau félin que l’orage m’apporte
C’était toi, c’était toi, c’était toi
Les yeux fendus et couleur pistache
T’as posé sur mon cœur ta patte de velours
Fort heureus’ment pour moi t’avais pas de moustache
Et ta vertu ne pesait pas trop lourd
Au quatre coins de ma vie de bohème
T’as prom’né, t’as prom’né le feu de tes vingt ans
Et pour moi, pour mes chats, pour mes fleurs, mes poèmes
C’était toi la pluie et le beau temps
Mais le temps passe et fauche à l’aveuglette
Notre amour mûrissait à peine que déjà
Tu brûlais mes chansons, crachais sur mes viollettes
Et faisais des misères à mes chats
Le comble enfin, misérable salope
Comme il n’restait plus rien dans le garde-manger
T’as couru sans vergogne, et pour une escalope
Te jeter dans le lit du boucher
C’était fini, t’avais passé les bornes
Et, r’nonçant aux amours frivoles d’ici-bas
J’suis r’monté dans la lune en emportant mes cornes
Mes chansons, et mes fleurs, et mes chats
Georges Brassens
Personne ne semble le remarquer, mais je suis tout le temps seule. Je déjeune toute seule à la cantine, au milieu de tout ce monde que je ne connais pas. Je prends mes pauses toute seule. Je me promène seule. Souvent je dîne seule. J’ai aussi commencé à parler toute seule, un peu comme une vieille folle.
Lui, il est là, toujours de mauvaise humeur, à s’énerver pour un rien, à cogner sur les meubles, à hurler contre le chaton. Il m’adresse à peine la parole, pas « bonjour », pas « au revoir », pas de « comment ça va » ni même de « merci ». A moi il ne parle pas… Il économise sa salive, sa bonne humeur pour Elle. Elle, Il la cajole, Il la rassure, Il est si attentionné, prévenant, imaginatif. Ils ont leur relation, j’imagine aussi leurs petits mots doux, leur intimité.
Et moi au milieu de tout ça je gène, je suis de trop, pas celle qu’Il veut…
Aujourd’hui il est trop tard pour moi. J’ai hypothéquée trop d’années à ses côtés, sans rien capitaliser. Je n’aurai plus le temps de me construire une famille. Je n’aurai jamais d’enfant…
Alors bien sûr il faudrait que je parte, que je mette fin à cette situation. Mais à quoi bon ?