Me voilà donc revenu de ce mariage. La seule envie que j’arrive à identifier : « Dormir ! ».
Ce matin tout paraît irréel : le manque de sommeil me fait flotter dans un doux brouillard. L’hypocrisie de ma vie quotidienne me semble insupportable. Je n’ai pas envie d’être ici à faire semblant que tout va bien, à sourire à tout le monde.
Notre société n’aime pas voir le désespoir. Le paradoxe c’est que la dépression est le mal de notre siècle mais on n’en parle pas, on ne le montre pas. On peut être malheureux mais en privé. Même nos amis se lassent de notre abattement. On se retrouve donc encore plus seul que d’habitude au moment où l’on a le plus besoin du soutien des autres.
C’est aussi un des constats que j’ai pu faire lors de ce mariage. Il faut être heureux, drôle avoir de la discussion sinon on est bien vite rejeté, isolé. Je me suis sentie seule au milieu des autres, pas vraiment à ma place, ne sachant pas trop ce que je pouvais faire ou dire pour m’intégrer. J’avais l’impression d’être ailleurs, de voir une scène à laquelle je ne participais pas.
J’ai l’impression que ma vie est entre parenthèses, que c’est une période que je ne vis pas vraiment : un intermède désagréable entre deux moments de ma vraie vie. C’est aussi pourquoi le sommeil semble si accueillant : un peu comme si ce n’était qu’un mauvais rêve et que j’allais me réveiller dans une vie meilleure.